Charlie a-t-il tous les droits ?
Nous avons l’habitude de ne raisonner que sur un seul plan de pensée. Par exemple, on parle du droit au plan légal de Charlie Hebdo de diffuser des images insultantes, et du droit de cet enseignant d’expliquer à ses élèves pourquoi Charlie Hebdo agit ainsi, mais en fait, on n’a guère pris le soin de préciser l’angle de nos jugements. En France on en a parlé essentiellement sous l’angle du droit alors qu’à l’étranger on n’y a vu le plus souvent que les aspects liés à la délicatesse (ou du vivre ensemble).
Celui du droit est absolu. Il est exprimé non seulement dans nos lois françaises dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen adopté en 1789 mais aussi dans la déclaration universelle des droits de l’Homme adoptée par les états membres de l’ONU.
Sur le plan de la délicatesse l’enseignant a été correct car il a prévenu ses élèves et leur a laissé la possibilité de ne pas l’écouter, mais Charlie hebdo ne l’a pas été. C’est son habitude, il s’est même fait une spécialité de l’indélicatesse et il l’assume. Ainsi il n’y va pas de main morte lorsqu’il présente Jésus en croix ridiculisé par la pédophilie de quelques disciples. Mais que cela choque ou pas, il en a le droit au plan légal. Et reconnaissons que cela permet « parfois » de dire certaines choses qui auraient plus d’inconvénients à ne pas être dites, d’éclairer certains aspects d’un problème ou de le poser de manière plus audible.
A côté de ces plans, il en existe bien d’autres comme le plan économique, celui de l’humour, celui des lois du commerce ou du travail, celui de la santé collective, celui du patriotisme, celui de la défense nationale, etc. Ce que je veux dire est qu’il importe souvent de savoir sur quel plan on se place. Autant, « je suis Charlie » et approuve sa publication de 2015, comme aussi son droit légal de remettre ça sur le tapis en 2020, autant je me demande s’il n’aurait pas mieux fait d’éviter cette récidive qui dresse entre elles les communautés dans le monde entier.
Pour le dire autrement, autant sur le plan légal j’accepte le blasphème parce qu’on ne peut pas l’interdire, autant je ne l’aime pas au plan du vivre ensemble parce qu’il consiste à dire du mal de ce que d’autres considèrent comme sacré. J’aime encore moins ce « droit au blasphème » dont on nous serine les oreilles. Cela laisserait il entendre que tout le monde peut blasphémer ? Comment alors ne pas s’étonner des réactions haineuses en retour dans le monde musulman ? Comme tous les peuples, il a droit au respect.
On peut en discuter. Car ce raisonnement qui est valable pour moi, ne l’est peut-être pas pour Charlie. Nous n’avons pas tous le même ADN, l’un en tant que commerçant se donne quelques facilités pour vendre, l’autre en tant qu’élu pense à sa réélection, etc. nos angles de vue différent. Ces ADN expliquent mais ne justifient pas. Ce n’est pas parce que je suis journaliste que cela me donne tous les droits.
😉 Et voilà pourquoi, Madame, votre fille est muette ! (Molière, Le médecin malgré lui)
Une réponse à “Charlie a-t-il tous les droits ?”
Je suis pour la liberté de la presse, mais contre la provocation, ce qui est le cas de la remise sur le tapis des caricatures de Mahomet. …. Le chien excité va mordre. Personne n’est obligé de lire Charlie Hebdo.
Trop de messages circulent aujourd’hui sur les réseaux sociaux, qui rapportent des informations exactes, mais qui ‘’ mal digérés ‘’ conduisent à la haine.
Jean-Marie de Lapasse