Les sous-chapitres de « Ukraine » comme celui-ci sont des réflexions portant sur le long terme.
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Une vision de Paix durable
Pour faire une guerre, il importe d’imaginer la situation finale qu’on en attend. Gagner la guerre n’est pas une situation finale mais une étape nécessaire pour établir une situation de paix durable. Ce ne sera pas le cas à la fin du conflit ukrainien : si les Ukrainiens la perdent ils ne rêveront que de vengeance, s’ils la gagnent et se rapprochent de l’Union Européenne, le peuple russe en sera mortifié pour longtemps même s’il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Entre ces deux solutions, ce ne sera pas mieux. C’est infiniment dommage car l’Ukraine est très liée à la Russie par son histoire, ses langues, ses unions tant dans les familles que dans les affaires.
La seule situation finale qui soit porteuse de satisfaction pour les deux parties et pour la paix mondiale me semble être la suivante : Russie et Ukraine réunies dans une sorte d’Union (à l’européenne) à construire avec la Biélorussie, la Géorgie, l’Arménie, dans laquelle chaque pays serait totalement indépendant et uni aux autres par des structures juridiques et politiques à inventer dans un esprit de paix. Un esprit qui exclut définitivement l’usage de la force remplacée par la négociation et la conviction que l’intérêt de l’autre est bénéfique à l’ensemble. C’est évidemment impensable aujourd’hui mais l’UE a montré en 1950 que ce ne l’était pas après une guerre fratricide qui fit 45 millions de morts et l’écrasement de l’esprit du mal.
Cette vision est clairement utopique aujourd’hui. Elle le deviendra de moins en moins à mesure des horreurs de la guerre et surtout de l’impossibilité de trouver une solution satisfaisante par les armes. Ou encore, lors de retournements de situation provoqués par des évènements importants (fuite de Poutine et de sa clique, usages d’armes atomiques, paix des braves, éclatement de la Russie…).
L’orientation actuelle qui va vers l’intégration de l’Ukraine à l’UE me semble créer un ensemble européen trop difficile à gérer par sa seule dimension. Sans compter avec la Biélorussie, la Géorgie, l’Arménie et la Moldavie dont les peuples, écœurés de la dictature russe, veulent déjà rejoindre l’UE. Avec pour conséquence une Russie de plus en plus isolée, hostile, éruptive et vengeresse. Et donc une UE de plus en plus militarisée pour sa défense. Non, l’intégration de l’Ukraine à l’UE n’est pas une bonne idée, malgré l’amour que nous avons des Ukrainiens et le bonheur d’un tel rapprochement.
La paix ne peut exister sans la volonté des populations. Elle peut passer par une nouvelle union de ces pays libérés, indépendants et décidés librement à vivre ensemble. Je ne vois pas d’autre solution pour une paix durable.
Ces propos sont aujourd’hui politiquement incorrects. Utopiques aujourd’hui, ils n’ont de sens que dans l’optique d’une paix à long terme, au plus grand bénéfice de tous. Mais ils doivent être exprimés afin d’être présents lors de futures négociations internationales.
Voir le texte de Jacques Attali qui va un peu dans le même sens :
https://www.attali.com/geopolitique/ukraine/
Pour mieux comprendre ce texte et les enjeux de l’extension de l’UE, lire le chapitre : « Le défi des nouveaux élargissements », dans le site : https://www.robert-schuman.eu/fr/questions-d-europe/0651-l-union-europeenne-face-a-la-guerre-en-ukraine-la-puissance-liberale-et-ses-limites