Qui a raison ?
Qui a raison dans le conflit ukrainien, Poutine ou l’Occident ? Réponse évidente pour la plupart d’entre nous mais, aussi étrange que ça puisse paraître, pas pour tout le monde comme je m’en suis aperçu lors d’échanges amicaux.
Je me suis donc demandé quels étaient les arguments fondamentaux, indiscutables, qui justifiaient notre choix de soutenir l’Ukraine plutôt que la Russie.
Le premier est un argument de droit. L’agresseur est la Russie car elle a attaqué un État indépendant sans l’accord du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale de l’ONU.
Nota :
Depuis le 3/11/1950, l’Assemblée générale a compétence en cas de menace contre la paix et d’agression pour remplacer le Conseil de sécurité lorsque celui-ci est paralysé par l’exercice du droit de véto. C’est ici le cas puisque la Russie en fait partie.
Le 23 février 2023, à la veille de l’anniversaire du début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette AG a voté une résolution en faveur du retrait « immédiat » des troupes russes de l’Ukraine qui a recueilli 141 votes en sa faveur, 7 en sa défaveur et 32 abstentions, dont celles de la Chine et de l’Inde. Plusieurs votes avaient eu lieu depuis le début de la guerre et conduisaient aux mêmes résultats. De plus, cette AG a adopté le 7 avril 2022 une résolution par laquelle elle suspend la Russie du Conseil des droits de l’homme.
Le second argument est encore plus imparable : l’un des deux belligérants est obligé de mentir sans cesse pour avoir le soutien de son peuple alors que l’autre fonctionne dans la plus grande liberté d’information (que garantit son pluralisme en Occident). Les mensonges proférés quotidiennement par Poutine pour convaincre le peuple russe le condamnent radicalement (ex. l’Ukraine n’est pas un pays, les Ukrainiens sont des néonazis, une opération militaire limitée…). Les médias russes sont obligés de ne relayer que les informations qui plaisent au Kremlin sous peine de graves sanctions. L’institut Montaigne parle de l’empire du mensonge. On pourrait aussi parler des nombreuses disparitions d’opposants, des empoisonnements ou assassinats de journalistes et autres dissidents et même du chantage nucléaire. Autre exemple, au cours du G20 en Inde début mars 2023, Sergueï Lavrov ministre des affaires étrangères de Russie a déclenché l’hilarité en Inde en affirmant que la guerre en Ukraine a été lancée « contre » la Russie.
Enfin, l’indépendance de l’Ukraine a été officiellement reconnue par la Russie : Dans le passé, l’Ukraine fut successivement rattachée, tout ou partie, à la Pologne, à la Russie, à l’empire d’Autriche, à son successeur l’Autriche-Hongrie, puis à la république de Pologne et enfin à la Russie durant l’ère soviétique. Avec la dislocation de l’URSS l’Ukraine devint une nouvelle fois indépendante en 1991, elle était alors la troisième puissance nucléaire mondiale en nombre d’ogives. Le 5 décembre 1994, l’Ukraine transféra ses armes nucléaires à la Russie dans le cadre du Mémorandum de Budapest en échange de garanties sur sa sécurité et son intégrité territoriale dont la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni se portaient garants.
En conclusion, je m’excuse de dire des choses aussi évidentes, mais encore faut-il savoir les étayer lorsque vous avez devant vous des gens qui doutent encore, ou d’autres qui ne cessent de brandir des pancartes « Stop the War » sans penser une seconde que le peuple ukrainien ne peut « arrêter » sa magnifique résistance sans baisser culotte devant le mensonge et surtout sans ouvrir grande la porte aux futures mises sous tutelle programmées par le menteur en Moldavie, en Géorgie, en Arménie et en Biélorussie dont les peuples rêvent massivement de l’Union européenne. Pour ceux qui en doutent, des quasi-annexions ont déjà commencé ces dernières années par Poutine en Transnistrie (province de Moldavie), en Ossétie du Sud et Adjarie (provinces de Géorgie), et en Crimée. On en a peu parlé. Elles ne font que continuer en Ukraine. Hitler n’avait pas fait autrement dans les années 30 avec les Sudètes, l’Autriche, la Pologne.
Ce n’est pas nous qui protégeons les Ukrainiens, ce sont eux qui nous protègent. En effet, puisque Poutine ne cesse d’annexer ou de mettre au pas les voisins de la Russie, sa victoire en Ukraine (même partielle) le grandira dans son pays et l’engagera à continuer vers les anciens satellites de l’URSS que sont l’Arménie, la Géorgie, la Moldavie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et autres républiques d’Asie centrale et même plus vers les Pays Baltes. Ce rêve poutinien est réaliste tant qu’il n’est pas arrêté ou bloqué par plus fort que lui. Plus on attend, plus ce blocage sera difficile et c’est pourquoi nous sommes dans l’obligation absolue de l’arrêter au plus tôt en Ukraine.