J’aime pas…
L’administration qui se complique
Bien sûr j’aime des tas de choses mais je n’aurais pas le cœur de les dire avant d’avoir dit tout ce qui m’horripile dans cette nouvelle société qui s’ouvre à nous et change à grande vitesse.
Pour commencer, un matin, m’apprêtant à partir à la déchetterie avec ma carriole archipleine de déchets verts arrimée à l’arrière de ma voiture, on me dit qu’il faut un badge sans quoi on me refusera d’entrer. Je rêve ? Déjà que, depuis 5 ans, je n’ai plus le droit de les brûler comme je le faisais depuis 50 ans…, il me faut faire une demande par Internet avec scans de taxe d’habitation-carte d’identité. On m’enverra le badge. Ah bon… mais le but ? M’empêcher de déposer plus de 30 m3 par an. A chaque décharge, un préposé notera le nombre de m3 afin que, passé limite, je puisse payer quelque chose.
Difficile à croire mais vrai ! J’ai maintenant le fameux badge, quel bonheur ! En le recevant, on me rassure : il est très rare qu’un particulier dépasse ce chiffre… et les suppléments sont minimes. Ah oui, c’est vraiment le bonheur ! Il y a vraiment des gens qui pensent pour nous… Et en plus, cela crée deux emplois… Un pour fournir les badges et envoyer des petites factures d’un ou deux Euros à ceux qui dépassent la limite et un autre pour noter le nombre de m3 à chaque livraison. Sans compter cette belle barrière automatique qui s’ouvre magiquement dès qu’on introduit son petit badge. C’est vraiment génial.
Mais au fait, si très peu de gens dépassent les 30 m3, pourquoi tout ce bazar ? Et pourquoi fallait-il une barrière d’entrée ? Jusque-là, on entrait tout seuls, comme des grands. On s’autorégulait. Oui, je sais, j’oublie de penser au futur… Ça va grossir, il faut prévoir Monsieur ! Et c’est vrai, je ne pense à rien, il faut bien que l’administration connaîsse le poids de mes déchets verts… et demain de mes autres déchets. Chaque année on s’améliore !
Et tout ça grâce à quoi ? À Internet bien sûr qui permet à chaque particulier de faire tout le boulot et donc aux administrations d’en profiter… ce qui ne les empêche pas d’augmenter leurs effectifs ! Ma commune occupait 5 personnes en 1970, elle en occupe plus de 100 aujourd’hui. Elle croit ainsi réduire le chômage, mais en plombant notre économie, c’est l’inverse qu’elle produit.
L’excès de dépenses des communes
Alors, tant que j’y suis, je continue. J’aime pas, mais alors vraiment pas, toutes ces dépenses faites dans nos petites routes de campagne pour, soi-disant, améliorer la sécurité. Ce ne sont que dos d’âne, chicanes, plots, et autres ralentisseurs qui s’ajoutent aux panneaux de priorités et de limitations. Là où tout allait bien, notre chère administration pense à nous… Elle Anticipe !
Sauf que cette jolie petite route pittoresque est devenue une poisse au point de nous pousser à prendre l’autoroute.
Sauf que l’installation d’un nouveau dos d’âne sur cette route a créé, de nuit, la mort d’un motard qui ne s’y attendait pas !
Sauf qu’à chaque ralentissement obligé, les voitures freinent et accélèrent consommant un peu plus d’énergie et un peu plus de notre temps.
Sauf que sous ce pont de chemin de fer, il n’y avait jamais eu de problème pour se croiser mais qu’aujourd’hui de jolis plots l’empêchent et embêtent tout le monde.
« Ah oui, Monsieur, mais il y a parfois des gens qui vont trop vite »… L’administration veille sur nous. C’est vraiment très gentil. Quel bonheur d’être ainsi materné ! Eh oui, pour un risque rare de tôle froissée (car il n’est pas possible à cet endroit de rouler à plus de 20 ou 30km/h), 1 million de personnes sont obligées de s’arrêter, d’attendre, de démarrer en consommant du pétrole et de faire un peu plus de bruit !
J’ai bien aimé ce billet d’un lecteur dans Science et Vie qui se moque de l’auto-satisfaction des pouvoirs publics devant la diminution de morts constatée avec la diminution de la vitesse à 80 km/h. Si on la baissait encore à 70 km/h, dit-il, on en aurait encore moins, et encore moins si on continuait à la baisser progressivement,
et pourquoi pas jusque 0 km/h ?
C’est d’ailleurs à croire que les municipalités ont trop d’argent : avec mon épouse, nous sommes scandalisés de l’importance des travaux entrepris dans chaque village, non pas qu’il n’y ait aucune utilité à toutes les dépenses, mais trop c’est trop : macadamisation de parking là où on se garait sans problème sur des zones de terre ferme centenaires qui n’en avaient pas besoin et filtraient la pluie, aménagements de places de villages hyper-réglementés qui en perdent tout leur charme, ronds-points inutiles ou trop sophistiqués en pleine nature, massifs de fleurs somptueux et renouvelés, passages de grenouilles sous une route nationale qui coûtent un prix exorbitant et permettent aux prédateurs de les trouver plus facilement…
Dans cette débauche de dépenses, il importe de souligner le rôle incitatif néfaste des grands groupes type Vinci, Bouygues, etc… qui conseillent les communes et régions en leur proposant des aménagements tous cuits avec financements négociés, permis de construire, etc. et poussent les collectivités à s’endetter et à nous endetter. Ces groupes font leur boulot commercial et l’on ne saurait les accuser. Les responsables sont les maires et leur conseillers municipaux.
Non seulement on en fait trop, mais l’effectif des municipalités ne fait que croître. Quand je suis arrivé dans ce bourg il y a 50 ans, il n’avait que quelques employés de mairie. Aujourd’hui, il en a plus de 100… pour le même nombre d’habitants ! « Eh oui, n’est-ce pas ? Il vaut mieux que les chômeurs travaillent ». Et ceci explique cela, car ensuite, il faut les occuper. L’un va s’occuper de réduire les accidents, l’autre d’embellir les ronds-points, etc. et tout le monde est content ? Sauf que le coût de cette administration pléthorique plombe notre économie et par voie de conséquence engendre un peu plus de chômage !
Le manque d’unité architecturale en Savoie
Nous voici en Savoie, dans une superbe région qui vit principalement du tourisme et qui, au plan visuel, n’a jamais su garder son caractère local, ni d’ailleurs aucun caractère digne de ce nom. Tout y est construit sans recherche d’unité architecturale, au gré des nouvelles modes, sans style défini et sans intégration dans un visuel d’ensemble. Aussi bien pour la campagne que pour la ville, les autorisations de construire semblent données au seul vu du bâtiment isolé.
Pourtant, le style local historique ne manque ni de personnalité ni de charme, austère certes mais puissamment évocateur de la vie d’autrefois. Le gris domine avec ses immenses toits à forte pente, gris sombre d’ardoise de Maurienne, ses murs de pierre calcaire d’un gris très clair, presque blanc, ses volets souvent blancs ou de teintes claires. Les ruelles sont étroites et tortueuses signe de constructions successives adaptées aux besoins de la vie réelle, avec ici un bout escalier extérieur, là un balcon tantôt minuscule, tantôt immense. Tout est sobre mais tout respire la vie. Dans ce bric à brac de coins et de recoins, les occupants ont souvent cimenté leurs murs ou parcelles de murs sur des espaces qui le disputent aux pans de pierre apparente. Voilà pour les villages. Pour les villes, l’horreur vient du mélange des genres : un immeuble HLM au milieu d’un vieux quartier, des avenues sans style qui mélangent toutes les hauteurs d’immeubles, l’incohérence des permis de construire, l’impression que chaque construction se décide au vue d’une maquette de l’immeuble au lieu d’une maquette du quartier. Guère plus de 5 % des cités ont été préservées du n’importe quoi, l’influence italienne est plus forte avec ses murs teintés de couleur pastel, ses alignements plus citadins, ses cours d’immeubles entourées d’escaliers, ses traboules et ses toits à forte personnalité. Tout cela pour dire que le style local ne manquerait pas de caractère et représente un fort potentiel touristique… mais il est totalement inexploité.
Curieusement, cela ne gêne personne, comme si les Savoyards manquaient de goût et de formation esthétique, ou n’avaient jamais voyagé. Car nombreuses sont les régions qui ont su préserver leur belle unité architecturale : le Pays basque, la Bretagne, l’Alsace, l’Auvergne, etc.
Tempérerons ce propos savoyard en disant qu’un bel effort est fait depuis quelques années dans nos stations de sport d’hiver qui s’étaient construites dans la même négligence mais se sont maintenant bien relookées avec beaucoup de goût et d’unité. La concurrence des stations étrangères a fait de l’effet.