Le temps des rêves


Le temps des rêves

De mon enfance, je me souviens surtout de grandes rigolades. Nous étions sept enfants dont quatre à peu près du même âge, nés entre 1934 et 1938, et j’étais le second. Les trois derniers vinrent un peu plus tard et ne participaient pas aux mêmes jeux. J’ai connu la guerre mais les problèmes qu’elle posait n’étaient pas de mon âge. Je peux donc parler d’enfance heureuse et épanouie. D’autant plus que j’en ai passé une partie dans la ferme de mes grands parents où nous faisions les cent coups avec mon jeune frère André et notre cousin Bernard Buns dont le père était prisonnier en Allemagne. En effet, notre maison de la rue Jules Ferry à Armentières, ayant reçu une bombe incendiaire en 1940 (en notre absence heureusement) avait brûlé complètement et notre père, mobilisé par l’armée, était parti de l’autre côté de la ligne de front et ne pouvait pas donner de nouvelles. Le soir, nous étions hébergés juste à côté de la ferme chez deux vieilles tantes Agnès et Floride où, menés fermement « à la baguette », les fous-rires étaient fréquents. Nous y avons passé des années merveilleuses car, croyez-moi, dans une grande ferme où tout le mode travaille les enfants ont une liberté incroyable, et avec tous les animaux domestiques il y a vraiment de quoi s’amuser : attraper une poule, embêter les cochons, regarder traire les vaches et boire leur lait encore chaud, prendre le coup de pied d’une vache en plein ventre comme ça m’est arrivé, plumer une poule après l’avoir trempée dans l’eau bouillante, tuer un lapin d’un coup sec sur la nuque avant de le suspendre par les pieds pour le déshabiller proprement, courir dans les greniers, bricoler à l’atelier avec plein d’outils, courir dans les champs, sauter de 4 m de haut dans la courte paille au point d’en être recouvert et de devoir nager vers le haut pour respirer, se cacher, se baigner dans la rivière, trouver des bestioles dans les bouses de vache, empaler des hannetons pour les faire tourner au bout d’une ficelle, enjamber les vieux engins agricoles dans une vieille remise, porter aux ouvriers leur 4 heures dans les champs, courir dans les vastes prairies, faire une cabane, intriguer des piétons en leur lançant des petits cailloux par dessus un mur, faire du feu et se faire punir, etc. C’était à celui qui aurait une idée de plus (le cousin Bernard était très imaginatif). Et, rien de tel pour vraiment rire que de vivre sous l’autoritarisme excessif de nos vieilles rombières qui nous logeaient et nous obligeaient à venir réciter le rosaire tous les jours à 4 heures de l’après-midi, à participer aux deux offices religieux du dimanche avec chaussettes blanches et souliers cirés et à nous faire essuyer le derrière avec une véritable éponge de mer à la douceur exquise : culotte baissée, on arrivait dans la cuisine où on se pliait en deux en attendant qu’elles nous essuient. Quand on désobéissait ou faisait une bêtise, on devait « faire de l’exercice » c’est à dire lever les bras en l’air, se plier en deux pour toucher nos chaussures, se redresser et recommencer durant 10 ou 20 minutes, en répétant tout haut par exemple « Je ne dois pas renverser mon verre ». Avec de telles punitions, on filait droit, mais quelles rigolades. Mon souvenir est sans doute exagéré mais j’ai l’impression qu’on riait tout le temps… Comment aurais-je pu imaginer à l’époque que je deviendrais un monsieur sérieux !

Où ai-je vécu ? Cela peut servir de repères à mon courageux lecteur (s’il existe !). J’y ajouterai quelques souvenirs marquants pour faciliter le travail des curieux qui, dans quelques dizaines d’années…

• 1936 à 37 dans une petite maison au Bizet, village situé entre Armentières et la Belgique, je tête, braille et souris à la vie et à tous ceux qui me sourient. Je grossis et suis un bon pépère.

Marie-Claire 7 ans, Jean 6, Thérèse 5 et André 4
Monique, Christiane et Dominique ne sont encore que des petites lumières dans les yeux d’Eugène et Marie-Thérèse

• 37 à 40 rue Jules Ferry à Armentières, je ne me rappelle de rien sinon d’un bout de jardin… et vaguement d’une bonne espagnole du nom de Maria Rossa qui paraît-il m’aimait bien. Premier succès féminin ! J’étais son Jeannot, avec l’accent espagnol. Evidemment je ne me rendais pas compte qu’elle faisait probablement partie des réfugiés républicains (c’est à dire communistes) de la guerre d’Espagne qui furent si nombreux en France.

• 40 à 43 dans la grande ferme du Bizet, c’est la guerre mais nous on ne s’en rend pas vraiment compte, c’est un état naturel et permanent. La ferme est à moins de 2 km de la frontière belge et on nous charge parfois de passer la frontière pour acheter des cigarettes ou autres produits qu’on ne trouve pas en France. C’est interdit mais ça passe… On ne va quand-même pas arrêter des enfants ! C’est durant l’année 43 me semble-t-il qu’une classe d’école est organisée pour nous dans la ferme pour les 5 ou 6 enfants que nous sommes. La maîtresse est super. En plus d’être belle et toujours gaie, elle nous passionne et on apprend bien. On fait même du théâtre et on mime la chanson « Trois jeunes tambours » devant toute la famille Hémar, c’est à dire beaucoup de monde car nos grands parents ont eu 12 enfants. La plupart sont mariés et vivent ailleurs comme agriculteurs.

Restent les 4 derniers qui sont des garçons qui ont entre 20 et 25 ans et nous impressionnent par leur musculature. Aux travaux de la ferme, qui sont encore très manuels, quatre gaillards pareils ça dépote et les affaires marchent bien. Un jour de l’année 44, les Allemands débarquent et exigent que l’un d’eux aille au front, avec un cheval, vers la Hollande où des batailles ont lieu. Tous se regardent et parlementent et c’est finalement Gérard Hémar, 20 ans et le plus jeune, qui y va. Le risque est sérieux, mais il est débrouillard et il revient quelques semaines plus tard avec un autre cheval.

Anecdote sur cette famille Hémar, assez typique des grandes familles agricoles du Nord, catholiques, honnêtes, travailleuses et cultivées, voici la petite histoire du mariage fondateur. Les Flourez ayant une fille en âge de se marier, s’étaient adressés à leur curé pour trouver un jeune homme de bonne famille. Le prêtre avait indiqué la famille Hémar où également on pensait marier le plus grand des garçons. Un dimanche après la messe, les parents Flourez débarquent chez Hémar dans leur plus beau costume et, après les échanges d’usage, exposent leur projet. On convient d’y réfléchir et on reprend rendez-vous pour le dimanche suivant. Les enfants concernés ne sont toujours pas dans le coup. Les parents Hémar convoquent leur garçon. Celui-ci n’est pas chaud et dit qu’il n’est pas prêt. Qu’à cela ne tienne, on convoque le second qui, lui aussi n’est pas intéressé. On en reparle en famille et, curieusement, Marcel, le plus jeune garçon à qui on ne demandait rien, dit : Ben, pourquoi pas moi ? Et voilà comment on décida de mettre nos Marcel et Marguerite en relation qui, par la suite, confirmèrent leur volonté de fonder une famille. Ils eurent 12 enfants, puis 50 (et quelques) petits-enfants, ce qui, dans le Nord n’était pas extraordinaire.

• 43 à 45 boulevard Faidherbe à Armentières. Encore une fois, c’est l’âge où tout est sujet à rigolade (ça dure jusque 12 ou 13 ans. Du coup, je craignais même que ma bouche s’agrandisse à force de trop rire (stupide mais vrai !). Avec 4 enfants de 6 à 10 ans + 2 bébés, notre maman maîtrise tout cela avec le sourire. Elle donne à chacun de nous l’impression d’être unique.

Je vais à l’école à Saint Jude. Pour s’y rendre, nous de l’école libre marchons sur un trottoir alors que ceux de l’école laïque sont sur le trottoir d’en face. En classe on m’a mis près d’un élève sage et studieux car je suis très dissipé. Je le perturbe car un jour, son père vient me faire la leçon en cour de récréation devant tous les copains. La honte ! Mais quelques semaines plus tard, ce voisin de classe me choisit pour sa communion solennelle comme « ange », c’est à dire comme meilleur ami, témoin de sa démarche spirituelle ! Et m’invite au repas familial. J’apprends la valeur du pardon. Comment ne pas aimer la vie après ça ?

Souvenir de défilés des Allemands marchant au pas dans la rue en chantant (chants beaux et bien rythmés). Souvenir d’une sortie en trombe de la maison : bing, je tombe dans les bras d’un Allemand qui passait.

Souvenir d’une maison voisine toute décorée de draperies noires pour marquer un décès. Ah oui, c’est pour de vrai, la mort existe !

C’est là, dans la maison, qu’eut lieu la naissance de mes deux petites sœurs et chaque fois, on m’envoyait chez des cousins passer la journée.

Souvenir d’une chambre minuscule où mon lit occupait plus de la moitié de la surface et, dans la chambre voisine (celle des parents), de ma petite sœur Kitou qui pleurait des soirées entières. Affreux pour moi mais rien n’y faisait, les parents avaient tout essayé. Je devais porter un bonnet de nuit léger pour aplatir mes oreilles ; j’avais l’air ridicule et je m’en cachais. Petite amélioration quand-même. Aujourd’hui on m’aurait opéré mais je ne suis pas sûr que ce soit mieux sauf pour les cas importants.

Souvenir de pauvres qui frappaient à la porte et tendaient la main, on leur donnait pain ou sandwich, je ne sais plus. Occasion d’un échange, même court ; aujourd’hui, ils tendent la main sur un trottoir ce qui est moins convivial. Il y avait beaucoup de pauvres du fait des nombreux hommes réquisitionnés comme travailleurs forcés en Allemagne. Je revois aussi des tricycles qui passaient dans la rue en criant « Peaux de lapins, chiffons »… et d’autres qui appelaient pour aiguiser les couteaux.

Souvenir d’une rentrée de l’école vers midi (à pieds bien sûr) : de loin nous voyons un attroupement et plus on approche plus on se dit que c’est près de notre maison et puis, holà ! C’est même juste devant la nôtre, mais quoi ? Un incendie ! Ouah ! Les pompiers s’activent… Ce serait dans notre grenier… Mon Dieu ! Angoisse… Ah ! Ce serait presque fini. Ouf !

• 45 à 49 à Voiron (Isère). Pour loger 6 enfants, papa s’est vu offrir la possibilité de louer une magnifique demeure, meublée en partie de vieux meubles vietnamiens appartenant à une personnalité coloniale. La vue sur les Alpes y est superbe et le parc merveilleux, plein de pentes, de coins et de recoins. J’y ai passé de super-années, notamment chez les louveteaux le jeudi après-midi avec une super-cheftaine intelligente et belle que j’adorais (Jacqueline Buquet… qu’est-elle devenue ?). Et aussi avec les enfants voisins avec qui nous jouions souvent, les Denantes. Et les chouettes sommets gravis autour de Voiron. Que de souvenirs merveilleux !

La première de ces années, en 7ème chez les frères des écoles chrétiennes où je découvre de nouveaux jeux qui n’existent pas dans le nord comme les billes, le quinet, et surtout une violence entre jeunes que je n’avais jamais connue dans le nord. Le soir, on se retrouve sous un viaduc pour se battre à coups de poings. Je me vois obligé d’y aller mais ce n’est pas mon truc et je reste dans un coin. Je découvre une mentalité plus bagareuse que dans le Nord. Je comprends pourquoi c’est le pays du rugby plutôt que celui du foot.

Puis deux années chez les dominicains à Coublevie, à 6 km de là. J’y vais à vélo avec André. Souvenir de superbes descentes que nous faisions à fond la caisse, mais aussi de rudes montées. De temps en temps, on va aussi à vélo chercher du fromage dans une ferme située en haut de la terrible montée de 4 km qui va vers Chirens. J’en parle car le souvenir de la descente, toute en ligne droite, reste gravé comme folie de jeunesse : on va si vite que c’est miracle de ne pas nous y être tués. Surtout qu’en bas, c’est la ville et la pente y est encore plus forte, donc rien pour nous arrêter en cas de perte de freins. Mais on est jeunes (8 ans pour André et 10 pour moi), on a confiance dans nos vélos et on adore cette descente.

J’étudie le piano mais comme je n’ai aucun atome crochu avec la rombière qui m’enseigne et me tape sur les doigts, j’abandonne au bout de deux ans… quand-même ! Mais la musique m’intéresse et je joue du pipeau et de l’harmonica.

La quatrième année en pension à Oullins chez les Dominicains. Je me passionne pour le sport, foot, hockey sur gazon, ping-pong, courses de fond, vélo… plus que pour les études où je sombre dans les dernières places. Le latin ne me convient pas et la prof d’anglais (superbe femme) m’humilie. Je ne suis guère motivé par les études, je découvrirai beaucoup plus tard que je n’écoute que d’une oreille et qu’en même temps je pense à des tas de choses aussi futiles que profondes comme la tête du prof, sa diction, sa personnalité et l’utilité de ce qu’il dit. Bref j’ai un déficit d’attention qui vient peut-être d’une propension à penser à plein de choses, à ne m’intéresser qu’à ce qui « me semble » important, et à prendre du recul sur tout.

• 49 à 59 dans les Vosges (beau pays malgré les pluies fréquentes) à Laveline-devant-Bruyères (cité inintéressante) où notre père dirige une filature de 1000 personnes. Une seule machine à vapeur, énorme, fournit l’énergie nécessaire pour faire tourner toute l’usine, par courroies interposées. Pourtant l’usine est grande et comporte une centaine de machines dont la moitié ont 10 m de long. Cette source d’énergie est impressionnante par sa dimension, c’est une machine à vapeur de plusieurs mètres de haut qui occupe une pièce du genre cathédrale, où règne propreté et silence. Tout baigne dans l’huile. Sa puissance est transmise par une énorme roue de 8 m de diamètre qui fait volant d’inertie.

Nous allons régulièrement faire du ski à Gérardmer, par bus à 15 km, et de là nous montons 3 km à pied jusqu’à la station qui n’a qu’un seul remonte-pente, biplace, mais souvent, par économie, nous remontons à pied. Pour la même raison, nous ne prenons pas de cours et apprenons par nous-mêmes. Tout cela nous paraît normal et nous passons de merveilleuses journées.

L’entreprise dispose de bus pour aller chercher son personnel à 20 km à la ronde. Un jour, il a tellement neigé à Champdray, à 7 km de l’usine, que le bus ne peut s’y rendre. La neige est si abondante (4 à 5 mètres !) que les maisons en sont recouvertes et que les habitants doivent sortir par les toits ! Pour aller à l’usine il leur faut descendre à ski et loger sur place. Les chasse-neige sont insuffisants, il faudra attendre qu’une puissante fraise puisse aller dégager les routes. Nous y allons pour admirer le spectacle, elle trace des routes entre des murs de plusieurs mètres de haut et envoie la neige loin de chaque côté.

De 49 à 54, École Saint Joseph à Epinal, jusqu’au bac technique avec des éducateurs intelligents et pour moi toujours beaucoup de sport : handball, et surtout basket car j’ai la chance d’être dans une super équipe. En cadets et en juniors elle est souvent championne de France UGSEL. Je passe la plupart des récrés sous un panneau de basket et je suis dans l’équipe des cadets qui gagne le championnat de France en 52 ce qui me permet parfois de fanfaronner en disant que j’ai un titre de champion de France… mais seulement des écoles libres.

On rentre chez nous par le train un week-end par mois seulement, du samedi après-midi au dimanche soir et l’on rentre juste pour l’office religieux du soir ! Bon, ça paraît dur mais finalement j’ai un bon souvenir de la pension et des bons copains.

C’est à Saint Jo que je découvre la musique classique qui toute ma vie restera un pilier de mes ravissements. A Laveline, Papa a installé dans le salon un poste radio FM avec tourne-disques vinyle dont l’acoustique est splendide. Je ne me lasse pas d’écouter d’excellents disques. Aujourd’hui, 65 ans plus tard, l’acoustique n’a guère progressé, contrairement à tous les autres domaines de la technologie.

Côté études, pour rompre avec les mauvaises notes de la 4ème classique à Oullins, je redouble car je suis plus jeune que la moyenne et passe en 4ème technique pour aller vers le bac technique qui a la même valeur que le bac C, le meilleur de l’époque. Je quitte l’anglais et fais de l’allemand. C’est un sage redoublement pour moi car j’étais en avance d’un an. Pourtant, jusqu’en seconde je ne travaille que juste ce qu’il faut et je ne me mets sérieusement à travailler que pour les deux années du bac que je décroche facilement. Toujours un peu de difficulté à me concentrer liée à cette propension à m’intéresser à tout.

Dans ma chambre d’étudiant à l’ICAM où j’écoute beaucoup de musique classique.

De 54 à 59, École d’ingénieurs ICAM à Lille. La première année est une année de prépa. Je suis chez les jésuites où également j’ai à faire à des gens intelligents (c’est important car cela vous donne confiance dans la vie) et à d’excellents amis que je continue à fréquenter 60 ans plus tard. J’y travaille vraiment beaucoup car il y a chaque semaine un examen écrit et une interrogation orale, et il n’est pas possible de ne pas bosser en permanence. Pourtant, avec le recul, je crois pouvoir dire que je traverse ces années en dilettante, c’est à dire que je me bats pour avoir la moyenne de 13/20 indispensable pour sortir avec le titre d’ingénieur. Mais je ne mesure ni la réalité de ce métier ni ses exigences. Je ne m’y prépare pas, je cherche seulement à avoir les notes suffisantes au lieu d’essayer de mieux comprendre toute l’ingéniosité des sciences, des techniques, des technologies et de leurs arcanes. Les copains disent que je suis rêveur. En idéaliste que je suis, je m’intéresse beaucoup plus à l’humain, à tout ce qui touche au progrès de l’Homme. Je m’intéresse aux activités sociales, par exemple j’organise un concert de musique classique pour recueillir de l’argent pour la Conférence Saint Vincent de Paul de l’école (Concert de flute, harpe et alto avec les très célèbres Jean-Pierre Rampal, Lily Laskine et Colette Lequien). Je vais au théâtre et aux concerts avec Jean-Marie Creiche, un des rares futurs ingénieurs qui s’intéressent à la musique et à toutes formes de culture. Et, avec les copains, le samedi soir, on va souvent danser dans des soirées organisées dans des bonnes familles du Nord, car à force on s’est constitué toute une bande de copines. On ne se couche guerre avant 4 ou 6 heures du matin. Avec parfois le dimanche matin un match de basket ! Bref je suis un touche à tout. Je n’ai pas de feeling pour les technologies et si le métier d’ingénieur me convient c’est parce qu’il ouvre sur des carrières très différentes les unes des autres. Pour moi ce sera plutôt le management des hommes… mais je ne le sais pas encore.

• Après 1959 je ne rentre plus souvent à la maison, ma famille s’est installée en Alsace, à Rothau (les Vosges y reçoivent moins de pluie) où mon père dirige une usine textile beaucoup plus variée et intéressante (filature, tissage, impression…). J’y suis rarement car de 59 à 62 je fais mon service militaire (4 mois à Saint Maixent en Vendée puis 23 mois en Algérie. Ensuite, vogue la galère…

Amoureux de Catherine depuis Janvier 59, bien que mes premiers émois datent de 54, on se marie le 1er mai 61 lors d’une permission de 3 semaines qui nous donne le temps d’un superbe voyage de noces en Corse, donc 8 mois avant la fin de la période militaire. Dois-je raconter qu’on devait se marier le 1er avril mais que début mars j’attrape la jaunisse et me retrouve pour un mois à l’hôpital militaire algérien de Philippeville. J’étais encore bien palot et maigre le jour du mariage. Elle m’accepte quand-même !

Tiens ! Pourquoi ai-je choisi des études d’ingénieur ? Tout simplement parce que parmi toutes sortes de réflexions, d’envies et d’arguments, une idée s’imposait à moi : tout m’intéressait et les études d’ingénieur me paraissaient ouvrir le plus grand nombre de portes, la plus grande diversité d’activité. En fin d’études, je disposerais encore un choix plus large qu’avec des études commerciales, de gestion ou autres … J’étais attiré par les contacts humains et la largeur du registre d’un ingénieur généraliste. Je ne fus pas déçu. Je le fus d’autant moins que l’école que je choisissais, l’ICAM à Lille, mettait l’accent sur la formation générale et sur la formation humaine. Ce n’était pas qu’une accroche commerciale, c’était une réalité, j’eus à faire à des éducateurs à l’esprit ouvert et cherchant à nous intéresser au monde extérieur et à un large éventail d’activités extra-scolaires, ceci dans la plus grande liberté. Nous logions sur place ce qui nous permettait de bien nous connaître et de développer un esprit de promotion porteur d’échanges et d’expériences passionnantes. Nous sommes restés liés et aujourd’hui nous nous retrouvons régulièrement avec nos épouses qui s’entendent bien et contribuent à notre cohésion.

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