Le mariage laïque


Le mariage laïque

Après son mariage civil à la mairie, ma petite fille s’est mariée de manière plus festive et solennelle avec ce qu’on appelle le mariage laïque. Elle m’apprenait là quelque chose que je ne connaissais pas. Cela mérite que j’en parle car ce n’est pas assez connu. C’est une forme de mariage en développement qui remplace le mariage religieux selon le souhait des futurs mariés.

Pour moi qui me suis marié à l’église selon la tradition de l’époque, je m’interrogeais sur cette forme de mariage. Que devais-je en penser ? Était-ce moins qu’un mariage religieux ? Car on n’y trouvait plus les aspects – sacrement – union devant Dieu – soutien par la prière d’une communauté réunie dans une église. J’abordais donc ce mariage avec ces interrogations, tout en approuvant l’idée qu’un mariage à l’église ne saurait être exigé de l’un des mariés pour qui cela n’a aucun sens.
Eh bien, j’avoue avoir été agréablement surpris.

Car durant la fête, bien organisée et très réussie, les mariés avaient prévu un moment fort : une tente et des chaises pour l’assemblée, des micros pour les amis, la famille et les mariés qui tous s’en servirent pour dire à l’assemblée, sous des formes drôles ou sérieuses, le sens qu’ils voyaient ou donnaient à ce mariage et les vœux qu’ils formaient à l’intention des mariés. Ainsi, prenait sens le mariage laïque.

Il avait bien, pour les mariés, les trois fonctions qui me paraissaient importantes : 

• déclarer leur union officiellement à leur famille et à leurs amis, afin de donner de la force à leur engagement
• faire la fête avec eux, afin d’en faire quelque chose d’important et de joyeux
• donner du sens à cette union grâce à une réflexion préalable 

Car pour s’exprimer au micro, les mariés, leurs frères, sœurs et amis, avaient dû s’imposer un travail de réflexion. Et là, chapeau les amis, il y avait du lourd, car même dans les petits discours ludiques ou imagés, il y avait de la préparation. Si bien que le mariage ne venait pas d’en haut comme dans la tradition (un maire, un prêtre) mais des mariés et de leur entourage, c’est à dire d’en bas. D’emblée je fus convaincu par cette forme de mariage.

Mais ma louange va plus loin car les proches avaient imaginé un acte symbolique très beau : le rituel du sablier. Après en avoir expliqué le sens à l’assemblée, les mariés versaient leur sable dans le sablier où il se mélangeait, métaphore de leur union : à l’instar des deux sables, chacun apportait au couple sa couleur, ses traits de caractère et sa personnalité. Et le sable s’écoulait, image du temps qui passe, en se mélangeant plus encore pour ne former qu’un : impossible de séparer l’un de l’autre. Pourtant, à travers le temps, chaque sable garde sa substance, sa couleur d’origine, son caractère.

Ces belles et fortes phrases, plus d’autres autres encore dites par une sœur de la mariée, nous élevaient au vrai niveau du mariage. Car, à y réfléchir, c’est un acte un peu fou qui déchire pour construire au niveau supérieur.

Nota : Dans le mariage religieux, l’Église précise que le « sacrement » n’est pas donné par le prêtre mais par le « Oui » des mariés. Ici aussi, ce sont bien les mariés qui actent leur union.

J.M. 4 novembre 23