Le christianisme futur


Le christianisme futur

14 août 2023

Notre christianisme

Le christianisme est une religion extraordinaire en ceci qu’il repose sur des valeurs d’amour et de courage au point le plus élevé qui soit avec cet exemple d’altruisme et de don de soi total donné par le Christ. Je ne connais pas de religion et de philosophie plus belle que celle initiée et mise en œuvre par Jésus. Plus que les détails de ce qu’il a fait qui ont sans doute reçu des enjolivures, j’en retiens surtout l’esprit.

Mon problème est que cette perfection a conduit à une doctrine admirable qui agit auprès des chrétiens comme un piège, car elle fige tous les éléments de la religion mis en place par nos pères et rend quasi-impossible toute réflexion personnelle, particulièrement auprès des chrétiens les plus fidèles, les plus engagés et souvent les plus courageux. 

Cela se voit avec les conclusions du concile Vatican 2 qui datent des années 60 et ne parviennent pas à se développer dans le discours des prêtres alors qu’elles représentent l’autorité suprême de l’Église catholique.
Ce concile nous dit par exemple[1] 
La vérité n’est plus prédéfinie et intouchable mais le fruit d’une incessante quête personnelle où la libre recherche, l’échange, le dialogue, l’aide mutuelle deviennent des composantes de l’acte de croire. 

Il nous dit aussi que Toute vie chrétienne se fonde sur une écoute de la parole de Dieu. Cette écoute est directe et n’exige plus de passer obligatoirement par les interprétations de l’Église.

Forte de ces paroles, et de bien d’autres conclusions de ce concile, l’Église redevient « universelle » comme l’indique le mot « catholique » car avec ses dogmes fermés, elle ne l’était plus du tout. Cela signifie qu’aujourd’hui, un Athée, un Bouddhiste, un Musulman et tous les Humains peuvent adhérer à la parole de Jésus sans renier quoi que ce soit à leurs propres croyances ou refus de croyances.
Le concile insiste clairement : 
L’écoute de la parole ne se fait plus sous la forme de vérités à « croire » mais sous la forme d’authentiques rencontres. 
C’est notre conscience qui doit avoir le dernier mot, dans la mesure, où nous poursuivons une recherche de formation de notre conscience. 
Alors que la Vérité était détenue par la seule Église, le Concile déclare que chaque homme est appelé à penser par lui-même et cela, jusqu’au choix même de sa religion. 

On ne peut être plus clair, les dogmes n’en sont plus. Ils n’en restent pas moins de grands repères théologiques et, à ce titre, considérables.

Le plus important de tous les dogmes était celui de l’incarnation car il a profondément modifié les bases du christianisme. Il dit que Jésus « est » Dieu.[2] Il induit de lourdes conséquences, par exemple les phrases de Jésus sont devenues paroles divines, les actes missionnaires sont justifiés par « la » vérité, les miracles et la résurrection ne posent plus de problème, nos péchés sont « remis » (c’est à dire pardonnés), la vie après la mort est garantie, etc. Surtout, il induit dans la foi chrétienne un facteur de certitude puisqu’issues d’un concile en l’an 325 à Nicée et confirmées par les conciles suivants. Mais le but des conciles a toujours été de poser les vérités qui feront l’unité des chrétiens. Aujourd’hui, Vatican 2 a bousculé cette contrainte car les vérités chrétiennes n’étaient plus universalisables. Il donne à la vie et aux paroles du Christ une portée universelle qu’elles avaient fondamentalement et qui peuvent enfin être comprises compte-tenu du niveau d’éducation mondial. 

Certains diront que la vérité ne peut pas changer d’un siècle à l’autre. Mais il faut savoir qu’à Nicée en 325 les théologiens étaient divisés sur la divinité de Jésus, la moitié d’entre eux penchaient pour cette divinité, l’autre moitié (disciples d’Arius, moine chrétien) pour la non-divinité. Pour en sortir, c’est l’empereur Constantin, récemment converti, qui trancha. Il choisit la divinité parce que cela permettait d’obtenir la paix dans son empire. Ce choix devint effectivement au cours des siècles suivants, un immense facteur de paix dans toute l’Europe. Et tant pis pour la vérité : l’évangile devenait parole de Dieu, le pouvoir des rois devenait cautionnable par l’Église donc par Dieu. Rome, centre de la chrétienté, disposait d’un facteur d’unité politique et sociale considérable. Le christianisme changeait de paradigme, ce qui, pour une religion, est un comble !

Aujourd’hui, ce facteur ne joue plus, il est balayé par le développement d’une pensée libre et de valeurs universelles. On peut s’en réjouir. Pour autant, cela ne signifie pas que Nicée était dans l’erreur. La vérité est qu’on n’en sait rien. Par contre on sait que l’autorité de Nicée ne fonctionne plus et fonctionnera de moins en moins, et que Vatican 2 rend le christianisme audible à l’universel dans tout ce qu’il a de plus beau et de plus enthousiasmant : la vie de Jésus, ses enseignements, son esprit. Qu’il soit Dieu ou homme est sans doute important en pure théorie mais n’a finalement plus l’importance pratique qu’il avait.

Ainsi, une forme de foi informelle qu’on rencontre facilement est la confiance en « l’Homme Jésus », en son discours et en ses actes, en son extraordinaire message d’amour qu’il a lui-même vécu et assumé jusqu’à mourir sur la croix. Cette forme de foi ne comporte plus d’absolus surnaturels (sans pour autant les exclure), elle n’est plus « croyante », elle est adhésion et espérance . C’est un fond résiduel de culture chrétienne qui n’en est pas moins puissant sous forme de valeurs.

Cette forme de foi, moins littérale, correspond à un choix personnel, elle vient d’en bas et n’est plus « parachutée » d’en haut si je puis dire, elle est moins influencée par des miracles, par des affirmations de l’Église, par des usages ou des contraintes sociales Elle correspond à un choix personnel responsable. Celui qui s’y engage peut même se dire chrétien (c’est à dire adepte du Christ) mais il ne le sait pas. Ce christianisme-là est acceptable pour tous les Hommes, y compris les athées et les adeptes d’autres religions. Il est universel. Il est dans l’esprit du Christ qui s’est adressé à ses contemporains de toutes obédiences et les a aimés.

Pourquoi je parle de cela ? Certainement pas dans un esprit de récupération mais parce que je pense que cette approche du christianisme se développe naturellement et silencieusement chez des gens instruits ou habitués à la pensée rationnelle. Et parce que je pense qu’il s’agit d’une forme de pensée pleine d’avenir. Elle pourrait même être une forme de christianisme dominante pour les siècles futurs. Au delà des penseurs du concile, de nombreux intellectuels chrétiens, prêtres la plupart, se sont exprimés plus ou moins directement dans ce sens : Yves Burdelot, Joseph Moingt, Hans Kung, Maurice Bellet, Bernard Besret, Jean Sulivan, Jean Rigal, Olivier Rabut…

Le ballon est parti, il monte, mais nul ne sait où il va

Christianisme de valeurs ?

J’avais parlé de cela à un Père blanc, aujourd’hui décédé, grand intellectuel, conférencier et spécialiste du monde arabe. Il confirmait ma vision et m’avait dit que le monde chrétien ne pouvait pas encore digérer un changement aussi profond et que, pour qu’il puisse l’accepter, il faudrait attendre la disparition des vieilles générations actuelles.

J’en avais parlé aussi à mon filleul qui a de hautes responsabilités dans la belle Église vivante du Chemin neuf et que j’estime beaucoup. « Oui, m’avait-t-il dit, si Jésus n’est pas Dieu notre christianisme est un christianisme de valeurs« . 

Cela m’avait plongé durant plusieurs mois dans un abîme de réflexion. J’avais laissé décanter car il y avait là quelque chose de juste mais aussi de dévalorisant. Les valeurs, tout élevées soient-elles, sont de niveau moins élevé que la parole divine. En écartant le surnaturel et le mystère, on éloignait le rêve et l’enthousiasme d’un au-delà, on perdait le confort des certitudes, et d’ailleurs, était-on sûr d’avoir raison ? Oserait-on à nouveau changer le paradigme d’une religion ? Ou plus exactement revenir à son paradigme initial ?

Mais les faits sont têtus, le peuple n’y croit plus. Il n’entre plus dans ce jeu dans lequel tout le monde avait avantage à la dogmatisation « nicéenne », les prêtres, les princes (à qui il donnait le pouvoir) mais surtout le peuple (à qui il donnait la certitude). La porte est donc ouverte pour un christianisme d’esprit et non plus de formes et de normes. Par exemple, en matière d’IVG, on peut penser que devant une femme victime d’une grossesse non désirée, Jésus ne répondrait pas par une règle mais, de manière amicale, par sa mise en responsabilité. C’est l’esprit du christianisme qui importe et non plus ses dogmes, ses règles de vie et son conformisme. Les gens ne croient plus aux miracles. Les prêtres qui étaient les piliers du vivre ensemble sont remplacés en Occident par les médias et le bien-disant démocratique dont les axes de réflexion et de fonctionnement sont largement issus de l’esprit du christianisme. 

En cela, le christianisme est loin d’être mort, au contraire même, j’avancerais qu’il est plus vivant que jamais sans qu’on s’en aperçoive. Jusqu’en milieu athée, notre culture chrétienne est omniprésente en Occident où, même si le mal reste aussi prégnant, l’on entend sans cesse se référer aux valeurs de partage, de justice, de compassion… Certes, ce serait un christianisme de valeurs ? Et il n’aurait plus rien de surnaturel ? Pas si simple, on va le voir.

N’est-il pas aussi un christianisme d’amour ? Qui dépasse de loin nos valeurs.

N’est-il pas aussi tout simplement le christianisme du Christ, c’est à dire de Jésus lui-même qui a lutté contre les croyances et les dogmatismes ? Qui a toujours fait appel à nos consciences et aux réalités contre toute idéologie ? Et qui, surtout, a vécu et assumé cela jusqu’au bout, quoiqu’il lui en coûte. 

N’est-il pas aussi un christianisme qui s’insère dans l’esprit du concile Vatican 2 ? C’est à dire un christianisme qui s’enrichit par le peuple, qui ne vient plus seulement d’en haut mais aussi d’en bas, un christianisme qui a confiance en l’Homme, où l’acte de croire est une affaire personnelle et non plus collective ? 

N’est-il pas aussi ce christianisme qui, sans nom, sans Dieu et sans qu’on s’en aperçoive, monte actuellement dans la société dans nos pays de culture chrétienne sous forme de normes et de bien-pensance dont les médias sont les thuriféraires ? Je le nomme « christianisme laïque ambiant », même s’il est encore loin de la perfection christique. Avec ses qualités ses excès et ses défauts, je le vois sous-jacent dans nombre d’articles de journaux, de débats télévisés, de débats parlementaires et de problèmes de sociétés où finalement l’on se réfère aux contraintes du vivre ensemble, à l’assistance aux plus faibles, à la tolérance, au respect de la différence, à l’idéal d’Union Européenne, etc. toutes choses qui autrefois se professaient du haut des chaires. Et qui n’empêche pas de voir le mal qui secoue le monde avec des guerres, des mensonges, des camps de concentration, des injustices de masse…

N’est-il pas ainsi devenu un christianisme universalisable alors qu’il ne l’était pas dans la mesure où, croyance contre croyance, il ne pouvait convaincre un athée, un bouddhiste ou autre religieux. En mettant au second plan ses dogmatismes et autres croyances obligatoires, il devient audible sans rien perdre de ses intuitions surnaturelles. Il ne les abandonne pas, mais les place au rang de choix personnels et non plus institutionnels. Le champ surnaturel du christianisme demeure mais il reste du domaine des possibilités, des approches personnelles et des grands repères théologiques. Chacun peut y croire. Le message du Christ et son esprit d’amour l’emportent. La foi devient surtout confiance et adhésion.

Nos valeurs sont nombreuses. Selon Adam Michnik, elles ont pour socle cinq phares : le droit romain, la démocratie athénienne, la miséricorde judéo-chrétienne, les Lumières, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. C’est une belle synthèse au plan des valeurs collectives et l’on peut dire que l’esprit du Christ les englobe toutes dans leurs fondements. Ce n’est pas par hasard qu’elles soient nées dans l’Europe chrétienne.

Au plan des valeurs personnelles, je citerai la confiance, l’espérance, l’amour, le pardon, l’engagement, la responsabilité, le courage, la patience, la joie, la fidélité, la loyauté, etc. qui toutes se trouvent directement dans l’esprit de Jésus. 

Mais le christianisme n’est pas le seul à les promouvoir, tous les peuples y aspirent et en demandent. Elles font partie de leurs rêves et de leurs besoins universels les plus profonds. Alors qu’autrefois, tout cela venait d’en haut sous forme de normes, aujourd’hui, les peuples veulent y accéder par eux-mêmes. Et même si cela pose d’autres problèmes, cela ne peut plus s’imposer de l’extérieur, le mouvement est irréversible. C’est ainsi que je comprends l’ouverture de Vatican 2 au « peuple de Dieu » qui comprend tous les humains et qui, peu à peu, dans les drames et les larmes, se cherche.

Des randonneurs gravissent le petit sommet de gauche. Une étrange flèche grise « naturelle » indique le chemin d’un autre sommet, plus difficile

Christianisme relatif ?

Benoit 16 a souvent évoqué la dictature du relativisme, ce que je comprends comme la progression d’un christianisme trop souple dans le contenu de la foi. Car c’est un fait avéré par tous les sondages, de plus en plus les chrétiens choisissent leurs croyances à la carte, considérant la vérité comme pouvant être relative, adaptée à leurs idées, impressions ou besoins. Or c’est bien de cela qu’il s’agit : les gens n’acceptent plus la prétention d’une religion à définir La Vérité, et à demander d’y croire point par point sans aucune place pour le doute.

Pourtant l’ouverture avait été faite par l’autorité suprême de l’Église qu’est Vatican 2 disant que la vérité n’est plus prédéfinie et intouchable, que l’écoute de la parole de Dieu est directe et n’exige plus de passer obligatoirement par les interprétations de l’Église, qu’en matière religieuse chaque homme est appelé à penser par lui-même et cela, jusqu’au choix même de sa religion. 

L’Église tirait sa puissance de la force et de l’unité mondiale de son message et de ses rites transmise par des millions de prêtres et religieux. Cette puissance perdure encore dans de nombreux pays mais diminue dans d’autres, là où les gens ont de plus en plus l’instruction et les moyens de penser par eux-mêmes, changement considérable, rupture qui ne cessera d’augmenter malgré les graves problèmes que cela pose. 

Car si l’on observe sur le temps long les grandes fractures du christianisme, on voit l’orthodoxie émerger au XI° siècle, puis le protestantisme au XVI° qui s’éclatera peu à peu en de nombreuses branches, jusqu’aux mouvances évangéliques qui prolifèrent vraiment au XX° siècle. On note aussi que ces divergences apparurent toujours dans les régions les plus développées de la planète (Constantinople et Empire romain pour l’orthodoxie, Europe et Renaissance pour les protestantismes, USA pour les évangéliques…). Aujourd’hui, avec l’extraordinaire révolution de l’information engendrée par l’électronique, on peut penser que le mouvement ne cessera de s’amplifier : les croyances religieuses s’individualiseront encore et toujours et ne cesseront de se personnaliser. La vérité religieuse ne saurait être autre chose que relative.

Est-ce regrettable ? Non car sur le fond, la hauteur de vue du message évangélique reste la même, aussi vivante et puissante. Si même on peut, ici ou là dans l’Évangile, contester certains faits, on ne peut en contester l’esprit. Ce qui est bien plus important que nos petites croyances surnaturelles ou nos interprétations collectives de telle ou telle phrase de Jésus. Dans le futur, rien ne pourra justifier que notre religion chrétienne s’impose par des dogmes, des vérités convenues (malgré l’incertitude), ou des rites obligatoires ? Chacun de nous veut penser par lui-même, croire aux « Droits de l’Homme », croire en quelqu’un, adhérer à une cause, ou même à rien du tout. Pour autant, nous avons grandement besoin d’éclairages et c’est là que l’Église a sa place.

Former les consciences. Le rôle de l’Église

Si les orientations d’autonomie et de relativité religieuses de nos sociétés sont inéluctables, il devient important et même essentiel de former les consciences. Mais qui peut assumer une tâche aussi difficile, aussi immense ? L’Église ? Certes, c’est même sa raison d’être, mais elle sera très insuffisante si elle n’est pas secondée dans cette tâche par l’ensemble de la société c’est à dire ses leaders, les médias, la société civile, l’école et chacun de nous par les réseaux sociaux. Autrefois, elle était assez puissante pour relever de tels défis, elle ne l’est plus. Aujourd’hui, puisque chacun de nous s’estime capable de se déterminer religieusement, il nous appartient de prendre en considération la formation des consciences et de la nôtre en particulier. Comment ? Par l’éducation à tous les niveaux.

L’Église n’est plus écoutée en dehors des grandes opérations médiatiques comme les JMJ (journées mondiales de la jeunesse) ou les voyages du pape. Au quotidien, le discours des prêtres est d’un autre âge avec son lot de miracles, de surnaturel et de croyances. Pourtant, fondamentalement l’homme a besoin de réponses aux questions qu’il se pose. Et à défaut de réponses définitives, il importe de lui apporter des bases de réflexion qui, au fil des ans, lui permettront de se situer et d’orienter sa vie. L’Église doit retrouver la place de guide qu’elle a toujours eu mais qui, avec les bouleversements actuels, va devenir encore plus importante. D’abord pour digérer et faire digérer Vatican 2, ensuite pour démythologiser son discours et le faire connaître. Mais aussi :

  • Essentiellement faire connaître l’histoire et l’esprit de Jésus.
  • La replacer dans son contexte historique et religieux, ce qui est un vaste champ.
  • Faire connaître et comprendre l’histoire de l’Église depuis 20 siècles.
  • Réfléchir sur les religions, le besoin d’en avoir, les problèmes que cela pose, l’exigence morale, son importance mais aussi ses dangers, etc.
  • Ne plus fonder la foi sur des croyances, mais sur l’esprit de Jésus (pour autant, ne pas exclure l’idée de Dieu).
  • Sortir la foi du domaine des croyances, pour la replacer dans l’adhésion et la confiance. Pour autant, ne pas exclure de croire, c’est une fonction normale de l’esprit humain, sauf que la croyance ne doit pas dominer l’intelligence. Jésus a toujours fait appel à notre réflexion. 
  • Placer le surnaturel dans le domaine des possibilités. Il serait excessif de l’exclure puisqu’on ne sait pas.
  • Ne pas être gêné pour cela par les nombreuses transcendances évoquées dans l’évangile, comme lorsque Jésus parle de son Père, puisque Jésus est un juif éduqué dans cette religion et qu’il parle dans les références et les termes de cette religion.
  • Sortir la foi de vérités à croire, pour l’arrimer aux réalités. Ne pas exclure les anciennes vérités dogmatiques puisqu’on n’en sait rien et qu’elles sont peut-être vraies. Tout le monde est capable de comprendre, qu’à l’époque où l’école n’était pas obligatoire et où la grande majorité du peuple avait besoin de réponses simples, le discours surnaturel apportait une bonne réponse, les miracles étaient crédibles.
  • Ne pas exclure les miracles mais comprendre comment, avec l’importance de la transmission orale d’autrefois et le besoin de merveilleux, ils ont pu prendre tant d’importance dans le nouveau testament.
  • Ne pas fonder notre christianisme sur des « vérités » dont nous ne sommes pas certains mais qui ont été retenues lors de conciles aux décisions souvent politiques (pour autant, ne pas les exclure).
  • Eviter de parler des croyants pour parler des chrétiens.
  • Faire de notre foi quelque chose qui vient de nous, de notre conscience et de notre volonté,
  • Qui a la passion d’écouter et exclut la certitude,
  • Quelque chose qui se travaille, mais jamais ne s’endort,
  • Notamment pour former notre conscience.
  • Par exemple par la pratique quotidienne d’un temps de méditation

Rayon de soleil sur l’église de ce village en Savoie

Perspectives

Radicalement contraire à l’évolution rationnelle des esprits à laquelle j’ai fait ici référence, le christianisme qui se développe puissamment est celui des évangéliques. Il est fortement et plus que jamais, fondé sur les croyances et le surnaturel, donc dans la direction opposée de celui dont nous avons parlé et qui n’a pas de nom. Ce sont deux développements parallèles. L’évangélisme fonctionne à plein grâce à son côté enchanteur. Le second n’a pas de nom et, comme chacun le sait, ce qui n’a pas de nom n’existe pas formellement. Du moins en apparence !

La question qu’on peut se poser maintenant est de savoir si cette forme de foi sans nom, dénuée de croyances et de surnaturel, pourrait s’imposer ? La réponse est qu’elle s’impose déjà. Car enfin, cette évolution des esprits est puissante, elle accompagne le développement des sciences, de la raison, des moyens de communication, elle se fait clairement en dehors de tout encadrement, et semble porteuse de développement universel. Ce « christianisme ambiant » se développe massivement en dehors du christianisme officiel. Il n’est pas religieux, heureusement dirai-je car toute approche religieuse fondée sur des croyances s’oppose à d’autres. Et puisque nous y sommes, il n’y a pas de date à espérer.

Et les croyances ont de beaux jours devant elles.

Notes

[1] Extraits du numéro hors-série de La Croix de décembre 2002 : Vatican 2, quarante ans après.

[2] Si Jésus « est » Dieu comme l’affirme le concile de Nicée, le « Credo » (prière de base des Chrétiens) est à prendre à la lettre. Il dit ceci : Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré non pas créé, consubstantiel au Père ; et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel.

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