L’illusion du centre en politique


En se situant au centre de l’échiquier politique, le président Macron innovait dans la cinquième république. Nous avions l’habitude d’une présidence alternée entre la droite la gauche et cette nouvelle présentation d’un centre large avait plu : finies ces oppositions et ces différences marquées d’une présidence à l’autre qui fatiguaient par leurs oppositions de convictions ; enfin la politique se situait dans un centre intelligent essayant de satisfaire au mieux les Français. Soutenu par un groupe important, le nouveau président joua ce jeu, il fut même réélu. 

Pourtant, tout n’était pas parfait, la droite se plaignait du laxisme et des folles dépenses et la gauche de la rigueur. Personne n’était vraiment satisfait de cette politique essayant « en même temps » de satisfaire tout le monde sans jamais contenter vraiment. Un phénomène nouveau se développait au niveau des médias : la consultation permanente des extrêmes : les journalistes que le métier conduit à consulter l’opposition, n’avaient que des extrémistes au bout de leur micro : Mélenchon et Le Pen, pour ne citer qu’eux avaient pris une importance médiatique qu’ils n’avaient pas du temps des alternances socialistes et républicains où l’on disposait d’opposants raisonnables. 

Ceux-ci avaient disparu dans la macronie où ils étaient priés de se taire afin de ne pas mettre en lumière leurs divergences, logiquement plus importantes que dans les gouvernements plus homogènes d’antan.

Telle était donc la contrepartie d’un gouvernement trop longtemps central : l’émergence excessive des deux monstres extrémistes. Jour après jour, nous ne pouvions que constater et subir les états d’âme vengeurs des Insoumis et les courtes vues réactionnaires des Nationalistes. 

Sauf qu’en dissolvant l’assemblée, patatras ! Le phénomène prenait toute son ampleur : nos extrémistes raflaient la mise. Il fallait s’y attendre, ce n’était que la conséquence de plusieurs années de médiatisation complaisante pour ne pas dire aveugle. Il n’y avait plus que des incapables pour recueillir un pouvoir affaibli. De la facilité de diriger un pays par un large centre, on passait à l’impossibilité de le faire avec des extrêmes gonflés à bloc et avides de revendiquer des responsabilités qu’ils sont incapables d’assumer pour le bien du pays par l’absence de majorité. Le mal était dans le principe même d’un large gouvernement central dès lors qu’il peut être rejeté par le peuple. 

Nous faut-il regretter le bon temps de l’alternance gauche-droite ? Elle avait certes des inconvénients mais elle avait au moins l’avantage de désigner des leaders raisonnables : pour disposer d’un soutien suffisant tout en étant marqués à gauche ou à droite, ils devaient aussi séduire le centre. La question mérite d’être posée. 

Aujourd’hui, le problème à traiter est plus urgent, comment trouver un gouvernement capable de fonctionner avec l’assemblée nationale que nous avons élue ? La seule issue est de travailler avec ses leaders, non pas pour désigner d’abord un premier ministre, mais pour trouver des éléments de programme de gouvernement capables de dégager, par lots, quelques majorités. Nous avons pratiqué cela au temps de la 4° république et cela se pratique couramment avec succès dans d’autres pays européens. Ce n’est donc pas impossible.

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