Noël 2022


Noël 2022

Catherine m’a demandé plusieurs fois de dire un mot à la famille réunie pour ce jour de Noël 
Bof, tu veux dire quoi ? 
Qu’on est heureux… Que Noël c’est important…
Ils le savent… ils le disent même tous en venant ici.
Non, je parlerai, mais s’il y a quelque chose à dire.
Les jours ont passé et un beau matin je lui ai dit : Il y a peut-être une idée

Elle consiste à penser aux combattants de l’Est Ukrainiens qui, eux aussi, 
ont fêté Noël hier soir dans des caves froides et tristes de la région de Bakhmout. 
Ils vivent dans des tranchées, ils ont vécu des horreurs, perdu des amis… Mais ils ont l’espoir. 
Et rien n’ébranlera leur volonté de se battre pour la liberté, contre la barbarie, pour nos libertés.
Alors ils nous donnent un sacré sens au mot espoir… et à Noël.

Nous, on a vécu depuis 60 ans dans un monde facile, comme des bisounours
En oubliant que le monde est tragique et qu’il y a toujours une dizaine de guerres en cours
avec beaucoup plus de morts qu’en Ukraine (Congo, Yémen, Éthiopie, Sahel, Birmanie, Sinkiang…, ++)
Mais c’est loin, alors qu’aujourd’hui c’est tout près, et ça nous interroge sur le mal.

L’idée de banalité du mal a été développée par Hannah Arendt
Après la 2° guerre mondiale, elle participe au procès d’Adolph Eichmann, l’un des pires criminels de guerre nazis.
Et elle essaie de comprendre les moteurs intimes de ce type monstrueux.
Mais avec étonnement, elle en vient peu à peu à constater qu’il est quelqu’un d’insignifiant 
quelqu’un qui a abandonné son « pouvoir de penser » pour n’obéir qu’aux ordres, 
il a renié cette « qualité humaine caractéristique » qui consiste à distinguer le bien du mal. 
Ce n’est donc pas tant sa méchanceté qui fait ce qu’il est, que sa « médiocrité »
– d’où l’expression « banalité du mal » qui nous interroge dans cette guerre d’Ukraine.

Et qui nous concerne souvent quand, par facilité, on laisse faire devant l’inacceptable
Comme on l’avait fait quand Hitler annexait des territoires, on laissait faire.
Comme on l’a fait quand, depuis 15 ans, Poutine annexait quasiment 
les territoires de Transnistrie, d’Ossétie, d’Adjarie, et de Crimée… On laissait faire.
C’était inacceptable et on n’a rien fait. Il n’avait plus qu’à continuer. 

Ça nous concerne aussi à l’échelon individuel quand on accepte l’inacceptable
par gentillesse ou par facilité… pour éviter des vagues. 
Je vous laisse trouver des exemples, il y en a beaucoup.
Il n’y a pas de différence entre le soldat ukrainien qui se fait tuer pour sa patrie 
et celui qui s’interpose dans le métro pour défendre une vieille dame
ou le jeune qui défend un copain agressé.
Les conséquences de ne rien faire sont toujours très lourdes, le coût toujours élevé. 
Mieux vaut souvent assumer un bon conflit.

Voilà le message de Noël que nous délivrent les combattants Ukrainiens entourés d’horreurs. 
Ils acceptent le conflit, quoiqu’il en coûte. 
Ils iront jusqu’au bout parce que l’inacceptable est inacceptable.

Voilà mon message aujourd’hui, de moi qui ne suis pas meilleur qu’un autre 
et qui est entouré d’une si belle famille, dont nous sommes fiers 
Un message qui révèle la force de celui de Catherine qui dit… 
Qu’on est heureux… Que Noël c’est important…