Nos travaux


Résistances : nos travaux

Les débuts

Tout commence par la lecture en 1988 du brouillon d’un livre en gestation dans un collectif de chrétiens : « Lutter autrement » édité par Nouvelle Cité, 1989, Paris. J’y collabore.
On est encore en guerre froide, l’URSS menace encore d’envahir l’Europe de l’Ouest. Elle en a les moyens et la défense européenne repose sur l’arme atomique. La situation est donc gelée mais des voix s’élèvent pour dire qu’en fait, cette arme est un leurre. Le livre montre qu’il serait possible de se défendre d’une occupation étrangère par des processus de résistance non violente des populations, faisant appel par exemple à des désobéissances massives. Des cas de résistances historiques ont réussi (Gandhi, Martin Luther King…) et sont riches d’enseignements.

Je décide d’en savoir plus et lis « La dissuasion civile » de Christian Mellon, J.M. Muller, Jacques Sèmelin, édité par la Fondation pour les Études de Défense Nationale en 1985. Il s’agit d’une étude faite sur demande du Ministre de la défense nationale. Elle se réfère à diverses études étrangères qui, depuis quelques dizaines d’années, se sont patiemment complétées. Ce livre en fait la synthèse. Il décrit avec précision des épisodes historiques de résistances populaires non violentes qui ont réussi à atteindre leurs objectifs. Il démontre de manière convaincante que, moyennant une sérieuse préparation nationale, tout envahisseur du pays (sous-entendu l’URSS) serait dissuadé d’envahir. La dissuasion civile peut remplacer avantageusement une dissuasion nucléaire. Des stratèges militaires reconnus le confirment.

Le livre ne sera pas suivi d’effet pour quatre raisons :

  • d’abord parce que, malgré la bonne volonté de ses auteurs et la qualité de leur travail, il sent le soufre. Il utilise beaucoup le mot non-violence et se réfère à une culture non violente que, justement, les communistes développent dans les pays de l’Ouest pour les affaiblir, dans le cadre d’une vaste campagne de guerre psychologique menée par l’URSS dont le but est de désarmer l’ennemi occidental. Elle fait des ravages, les peuples d’Europe de l’Ouest réprouvent de plus en plus toute violence. Le mot lui-même élargit son champ au point que tout devient violence, le gouvernement, l’éducation… au point que la non-violence devient un phare de société ! L’idéal de non-violence est sacralisé, notamment chez les jeunes, dans la gauche, les communistes et chez les écologistes. La haine des militaires et de toutes formes d’armement se vend bien. C’est donc en réaction à ces dangereux excès idéologiques, et à juste titre, que certains en viennent à considérer la non-violence comme un ennemi intérieur.
  • Ensuite parce qu’il va un peu trop loin en développant l’idée de transarmement. Même s’il tempère quelque peu son propos, le livre laisse entendre que la « défense civile non violente » peut carrément devenir l’essentiel de notre défense nationale. C’est, bien sûr, une absurdité que ne peuvent supporter nos responsables nationaux.
  • Enfin parce que, pour être efficace, la mise en œuvre d’un tel processus de défense ne saurait concerner qu’un seul pays européen. L’Europe de la défense n’existe pas encore et rien ne permet d’envisager quoi que ce soit au niveau de l’Union Européenne.
  • Et finalement parce que, en 1989, l’Union Soviétique s’effondre, ce qui a pour effet de reléguer aux oubliettes l’idée de dissuasion civile.

Mais l’idée du livre n’en est pas moins valable et, avec quelques amis, nous nous réunissons pour en parler. Nous prenons actes de plusieurs choses :

  • Les formes civiles de résistances sont sans doute moins utiles dans la France des années 90 mais elles intéressent le monde entier où l’on compte plus de 30 guerres militaires en cours.  
  • Le nombre de résistances civiles est beaucoup plus important que nous le pensions dans l’histoire du XXème siècle : une bonne cinquantaine dont la moitié ont réussi. Exemples :

• La lutte du peuple indien pour son indépendance dans les années 40 avec Gandhi
• La résistance du gouvernement de Weimar au putsch de Kapp en 1920
• Résistance de la population allemande à l’occupation franco-belge de la Ruhr en 1923
• Combat des enseignants norvégiens contre la nazification de l’éducation en 1942
• Renversement de la dictature du général Ubico au Guatemala en 1944
• Révolution iranienne contre le Shah en 1978-79
• Résistance des Tchécoslovaques en 1968
• Mouvement Solidarnosc en Pologne en 1980-81
• Renversement du président Marcos aux Philippines en 1986
• Mouvement des étudiants chinois en 1989
• Effondrement du régime communiste de l’ex-RDA en 1989
• Renversement du régime marxiste-léniniste au Bénin en 1988-90
• Résistance de la population albanaise du Kosovo contre la domination serbe en 1990-98
• Etc.

  • Nous avons en commun le souhait de développer ces processus de défense, mal connus et objets de nombreuses interprétations fallacieuses.
  • Ils nous intéressent pour leur efficacité et nous décidons de nous démarquer des milieux non violents de façon à éviter leur connotation non violente et leur idéologie antimilitaire.
  • La recherche internationale est beaucoup plus développée que nous le pensions et nous découvrons quelques grands noms de chercheurs. Leurs travaux sont trop méconnus.
  • Faire connaître leurs travaux est un travail à notre portée. Ce sera notre axe.
  • Pour commencer nous décidons de mieux connaître nous-mêmes ces travaux et d’approfondir le sujet.

Notre association prend le nom de « Collectif Dissuasion Civile »
mais deviendra par la suite « Action Civile et Défense ».

Son objectif est de « Fournir aux décideurs politiques les informations et les points d’appui leur permettant d’engager des travaux de recherche sur la dissuasion civile ».
• Nous réalisons un Dépliant « Dissuasion Civile » et le diffusons à 5000 exemplaires. Voir ci-dessous.
• Nous organisons des journées d’échange dans plusieurs villes du pays et éditons un petit journal
• Après un échange avec les ténors de la mouvance non violente, nous nous démarquons clairement de toute approche idéologique et morale
• Nous faisons traduire un livre de Gene Sharp qui est le chercheur le plus avancé et le publions sous le titre « La guerre civilisée – La défense par Actions Civiles ». Voir plus loin au chapitre Gene Sharp.
Ce livre est téléchargeable sur ce site en pdf au chapitre PUBLICATIONS
• Nous participons à des colloques internationaux à Bradford, à Lecce en Italie avec des universitaires serbes et kosovars, et donnons quelques conférences comme à Porec en Croatie, …
• Je rédige un livre « La guerre par Actions Civiles » avec l’aide précieuse de Xavier Olagne. Voir ci-dessous.
• Nous rencontrons le Préfet Mingasson, adjoint du Secrétaire Général de la Défense Nationale qui apprécie notre livre.
• Je vais passer 2 mois à Boston pour travailler avec Gene Sharp
• Je réalise un Site Internet sur les résistances civiles de masse. Voir ci-dessous. http://www.acd.ecoledelapaix.org/

Le dépliant « La dissuasion civile »

est réalisé en 1991 avec l’aide de l’excellent graphiste Alexandre Baumgartner. Il se présente comme un tout petit livret recto verso, de 16 pages doubles dont chaque doublet se lit en quelques secondes. Il permet de comprendre qu’une agression militaire, aussi puissante soit-elle, ne peut atteindre ses objectifs lorsque le peuple agressé s’est organisé pour l’en empêcher. Le graphisme est puissant et transmet cette impression de force. Il fut diffusé en plusieurs milliers d’exemplaires.

Notre site Internet sur les Résistances civiles de masse

Ce site est le travail graphique d’un spécialiste de la communication Alexandre Baumgartner, qui, pour un sujet si nouveau, le présente par une succession de 150 petits tableaux qui, chacun, développent un seul aspect du sujet. A l’aide d’exemples et de clarifications de vocabulaire, il permet donc de mieux comprendre la nature et la particularité de ces résistances. http://www.acd.ecoledelapaix.org/

Notre livre « La guerre par Actions Civiles – Identité d’une stratégie de défense« 

Ce livre montre d’abord l’implication, fort nouvelle, des civils dans les conflits et la diversité de leurs interventions. A partir des résistances historiques, il raconte l’émergence dans l’esprit des chercheurs internationaux d’une compréhension de ces conflits au point d’identifier de véritables méthodes de défense sans armes, fondées sur la puissance des masses. L’intérêt du livre est de donner à ces processus une identité claire à partir de situations fort différentes dans un univers de mauvaises interprétations. Dès lors, il devient possible de penser aux choses sérieuses, à savoir engager notre pays dans la recherche à plus grande échelle et développer un sérieux noyau de compétence au sein de notre défense nationale. 

Ce livre est téléchargeable en pdf, sur ce site au chapitre PUBLICATIONS

Seconde période avec l’École de la Paix de Grenoble 2000 à 2016

Notre groupe de travail se dispersant géographiquement, je rejoins l’École de la Paix de Grenoble qui me permet de monter notre communication à plus haut niveau.

  •  Des occasions de conférence me sont ainsi données à Moscou, Figueras, La Haye, Strasbourg, Boston, Grenoble,… ainsi qu’aux universités de Lyon, Grenoble, Chambéry, à l’École militaire à Paris et dans quelques villes à la demande d’associations diverses.
  • Le nombre de résistances s’est développé dans le monde… au point de pouvoir parler d’une centaine depuis un siècle. Parmi les plus connues, citons :

• Chute de Milosevic en Serbie en 2000 par le mouvement Otpor
• Déposition du Président Estrada aux Philippines en 2001
• Révolution des Roses en 2003 en Géorgie contre le Président Chevardnadze
• Révolution Orange en Ukraine en 2004 puis en 2014
• Soulèvements en Bolivie faisant sauter successivement 2 présidents en 2003 et 2005
• Soulèvement en Adjarie contre sa séparation avec la Géorgie en 2004
• Révolution des Tulipes en Kirghizie en 2005
• Les printemps arabes dont les plus connus sont en Tunisie en 2010, en Égypte, au Bahreïn, au Yémen et en Syrie en 2011,… jusqu’au dernier, en tous points remarquable, en Algérie en 2019
https://fr.wikipedia.org/wiki/Printemps_arabe#2012
• Les mouvements Occupy : 1518 occupations dans 95 villes et 82 pays étalées dans la première moitié des années 10
• La résistance des Hongkongais à l’autoritarisme chinois en 2014 puis en 2019-20
• …
En fait, sans faire de décompte précis, on peut dire que plus de la moitié des grands conflits dans le monde se font aujourd’hui par des méthodes de résistances civiles de masse.

Et pour finir, 5 Réalisations majeures

  • Je réalise un Site Internet sur les Résistances Civiles de Masse qui diffère du précédent car il s’insère dans le site IRENEES qui est un vaste site qui traite des multiples aspects de la paix. J’y suis aidé par des stagiaires de l’école de la Paix de Grenoble.
    http://www.irenees.net/bdf_dossier-199_fr.html
  • Je fais traduire en français et publier 4 livres supplémentaires de Gene Sharp : Voir leur détail plus loin au chapitre Gene Sharp
    Ils sont tous téléchargeables en pdf, sur ce site au chapitre PUBLICATIONS

• La Force sans la violence.

• De la Dictature à la démocratie.

• L’anti coup d’État.

Et son dernier livre de synthèse

• La Lutte nonviolente.

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