Vatican 2, c’est quoi ?


Les belles avancées de Vatican 2

Extraits du numéro hors-série de La Croix de décembre 2002 : Vatican II, quarante ans après.

Avec mesure et précautions verbales, ce Concile des années 60 a déclaré des choses surprenantes dont peu de chrétiens ont conscience. Celles-ci étaient impensables quelques années plus tôt. En voici quelques-unes, en couleur suivies de mon commentaire. Opérant un véritable transfert des « pouvoirs » de l’Église vers chaque être humain, elles représentent une profonde mutation :

• L’Église qui était surtout une organisation et une hiérarchie constituée de clercs éclairés et d’un peuple obéissant devient l’assemblée du peuple de Dieu où tous ont même dignité dans une variété de missions. C’est une révolution que peuvent apprécier ceux qui ont vécu avant la 2° guerre mondiale : face à tous les problèmes de morale ou de conscience, on devait demander l’avis du prêtre et même sa décision.

• L’Église n’est plus au-dessus des hommes mais à côté d’eux, l’Esprit de Dieu agit dans chaque homme et non plus forcément « par » l’Église. C’est la fin d’un pouvoir absolu de l’Église sur nos vies et nos croyances religieuses.

• La Création est confiée par Dieu à l’Homme, à chacun de nous, et non plus à la seule Église. Nous voici responsabilisés.

• Alors que la Vérité était détenue par la seule Église, le Concile déclare que chaque homme est appelé à penser par lui-même et cela, jusqu’au choix même de sa religion. Changement considérable, la liberté religieuse est reconnue.

• Plus encore, en cas de conflit entre notre conscience et les recommandations de l’Église, la réponse de Vatican II est inouïe : c’est notre conscience qui doit avoir le dernier mot, dans la mesure, et c’est une condition importante, où nous poursuivons une recherche de formation de notre conscience. 

• Toute vie chrétienne se fonde sur une écoute de la parole de Dieu. Cette écoute est directe et n’exige plus de passer obligatoirement par les interprétations de l’Église. Cela n’empêche pas de considérer l’Église comme indispensable, sa nécessité est au contraire réaffirmée : nous en avons besoin au point de ne pouvoir nous en passer mais l’Église a besoin de la liberté de penser de chacun. 

• Les Chrétiens laïcs qui étaient jusque-là des « sujets » de l’Église sont déclarés « prêtres, prophètes et rois ». Et ce ne sont pas de simples mots car le concile considère chaque baptisé comme responsable de l’Église, au même titre que les prêtres. Chacun est unique et a une vocation propre et irremplaçable, il peut annoncer la parole, guérir, représenter l’Esprit, etc. Chaque homme est un temple de Dieu.

• Chrétien ou non et quelle que soit sa religion, chaque homme peut obtenir le salut. Magnifique.

. En déclarant que Toute religion peut comporter des éléments de vérité, que tout homme peut obtenir le salut, 
Vatican II a ouvert la porte du dialogue interreligieux. De plus, ce dialogue n’est plus réservé à une hiérarchie, ce qui l’ouvre considérablement. Prêtres, prophètes et rois, nous les laïcs en avons aussi la responsabilité. Puis, sur ce socle solide, le Concile opère un véritable repositionnent de la foi et de sa transmission :

• L’écoute de la parole ne se fait donc plus sous la forme de vérités à « croire » mais sous la forme d’authentiques rencontres. 

• La vérité n’est plus prédéfinie et intouchable, elle est le fruit d’une incessante quête où la libre recherche, l’échange, le dialogue, l’aide mutuelle deviennent des composantes de l’acte de croire.

• Alors que la foi était comprise comme la soumission à l’autorité de l’Église, elle est définie comme un libre « engagement » de l’homme, une libre « adhésion », une démarche personnelle de la raison et du cœur, de l’être tout entier.

• La transmission de la foi se fait, non plus par la seule Église qui enseigne et que je « dois » croire, mais par la « révélation de la parole » qui suppose un travail d’interprétation, personnel et collectif, à travers l’écriture et la tradition.

Si l’on a bien lu et si on connaît le fonctionnement de l’Église romaine, la révolution intellectuelle est considérable. Elle n’a pas fini de s’exprimer dans toutes ses conséquences. Elle est d’ailleurs loin d’être mise en œuvre tant les habitudes sont fortes, tant les freins sont nombreux dans l’appareil ecclésiastique et chez les laïcs eux-mêmes. Cette nouvelle liberté fait peur. 

Noter que ce retour à la source de la parole a dégagé bien des obstacles sur la route de l’unité des Chrétiens, Orthodoxes et surtout Protestants. Surtout, la définition de la foi ne fait plus appel comme auparavant à une démarche croyante et soumise mais raisonnable, volontaire et personnelle. Notre intelligence étant sollicitée nous nous rapprochons de la possibilité d’un dialogue interreligieux responsable. Cependant, avant de nous y aventurer, y sommes-nous prêts ?

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